Artec, petite société française installée à Albi, dans le Tam, fit, au début des années 90, une entrée très remarquée dans l’arène de la haute fidélité française en présentant l’ART 100. Cet amplificateur de puissance deux fois 100 watts, admirablement bien construit, était l’aboutissement des recherches de puristes épris de perfection sonore. Un an plus tard, cette société nous étonna davantage en lançant cette fois l’ART P60, un ampli-préampli intégré conçu selon la même politique sonore. En bénéficiant d’un prix très attractif, il devint très vite le produit-phare de la marque. Des déclinaisons de ce modèle suivirent, les modèles ART P30 et ART P40. Malgré ses dimensions imposantes, son poids de 27 kg, le premier amplificateur de la marque, l’ART 100, fonctionnait selon le principe de la classe A à polarisation assistée. Cette fois, Artec a voulu aller encore plus loin, ne serait-ce que pour mieux rivaliser avec les produits concurrents français et étrangers les plus récents, les plus redoutables. Il restait à relever un défi : proposer un produit très performant à un prix très compétitif. C’est, d’ordinaire, un objectif quasi impossible à atteindre dès l’instant où il s’agit d’une production de petite série, de haute qualité et d’origine française. Le nouvel Artec ART 70 représente àce titre un véritable tour de force

LE CHASSIS se présente en largeur «rack» au standard 19 pouces, soit 482 mm. Il est réalisé, contrairement à celui du premier ART 100, entièrement en aluminium, de manière à éviter tout phénomène de distorsion d’origine magnétique. La face avant de 10 mm d’épaisseur et de 180 mm de hauteur est réalisée en aluminium brossé de teinte champagne légèrement foncé. Une fenêtre centrale aménagée sur celle-ci sert à la mise en place de l’interrupteur marche/arrêt. Le fond, de 475 mm de largeur, de 3 mm d’épaisseur, supporte deux imposants radiateurs latéraux, de 105 x 240 x 170 mm chacun, pour la dissipation de chaque étage de sortie de configuration quadruple push-pull en pure classe A. La partie centrale du châssis plus étroite, de 270 mm environ, abrite les autres composants du montage, exception faite de deux selfs, à double enroulement inversé, destinées à parfaire le filtrage. Il est important de rappeler que, dans la majorité des cas, l’enroulement secondaire symétrique du transformateur d’alimentation est suivi d’un redressement en pont, puis complété d’un filtrage par condensateurs électrolytiques, ce qui forme l’alimentation symétrique que l’on relie directement aux étages de puissance. Or, une simple mesure à l’aide d’un oscilloscope révèle toujours un filtrage imparfait, des résidus de redressement en forme de dents de scie et surtout des pics de commutation provenant du pont de diodes au silicium. Comme on le sait, l’augmentation de la valeur des condensateurs de filtrage ne permet pas d’éliminer complètement ces résidus parasites. La solution de la self de filtrage à double enroulement, une par canal, apporte en revanche une amélioration radicale. On se refuse à l’appliquer, même sur des appareils de haut de gamme, non pas pour des questions d’efficacité mais surtout pour des problèmes de coût de revient et d’encombrement.

Le travail en pure classe A des étages de puissance conduit à un courant de repos total élevé, ce qui nécessite la mise en place d’un transformateur d’alimentation largement dimensionné. Le modèle torique employé ici offre une capacité de 800 VA et dispose de deux enroulements secondaires symétriques ce qui en fait ainsi un montage «doublemono», malgré l’utilisation d’un seul transformateur. Chaque voie comporte ainsi son propre pont redresseur, sa propre double self de filtrage et un filtrage terminé par deux condensateurs électrolytiques de haute qualité. Il s’agit en effet de modèles de marque Aerovox, de valeur 47 000 µF/ 40 V. Ces quatre gros condensateurs sont fixés directement sous le circuit imprimé principal en verre époxy double face, là exactement où leur efficacité est optimale. Sur chaque voie, les huit transistors de puissance, les fameux Toshiba 2SC 3281/2SA 1302 sont montés sur des circuits imprimés séparés, de manière à éviter tout échauffement excessif du circuit imprimé principal.

LE CIRCUIT se compose en entrée d’un transistor double effet de champ (U404 de National Semiconductors) couplé à un générateur de courant. Il est suivi d’un étage en double miroir de courant (transistors bipolaires Motorola 2N5401/2N5501), puis d’un étage driver de type Darlington. Un transformateur séparé, pourvu de. deux enroulements symétriques secondaires pour chacune des voies, alimente ces différents étages. On y remarque un filtrage comprenant 8 condensateurs de 4 700 µF/ 63 V. Le circuit amplificateur se complète, chose rare, d’une contre-réaction en courant. Les liaisons directes depuis les entrées asymétriques sont asservies à une compensation de dérive en courant continu. Le circuit intégré concerné, le TL052P (plus performant que le TL 072) ne traite, chose importante, que le signal de dérive et non pas le signal audio lui-même. Trois fusibles, dont deux internes, assurent une protection efficace de l’appareil contre les surcharges éventuelles

LES SORTIES haut-parleurs doubles, sur bornes dorées, facilitent le bi-câblage.

La jeune et dynamique société Artec exerce ses talents dans la hi-fi de prestige depuis près de 10 ans.L’esprit créatif qui règne dans cette entreprise a donné naissance à des électroniques sans compromis, mettant en œuvre des technologies de pointe produit, Artec ne retient que les solutions techniques dont les répercutions sur la qualité d’écoutes sont parfaitement audibles. Les concepteurs n’hésitent jamais à effectuer de longues écoutes comparatives entre différents composants ou circuit afin de ne sélectionner que les montages les plus musicaux.Pour le n°17 de Prestige Audio Vidéo en novembre 1996, Artec nous avait confié son amplificateur de puissance ART 70. Cet appareil qui nous avait conquis par ses qualités, tant sur un plan technique que dans un domaine subjectif, nous a laissé un excellent souvenir. Il nous revient aujourd’hui dans une version ‘s’ encore plus aboutie, accompagné d’un magnifique préamplificateur convertisseur ARPC 70. Cet ensemble extrêmement performant se situe d’emblée dans les plus hautes sphères de la musicalité.Ces deux électroniques forment un couple dont l’homogénéité est stupéfiante. L’équipe d’Artec a toujours su que les qualités de l’amplificateur ART 70 n’étaient pas exploitées à leur potentiel maximum en raison d’un ‘bridage’ occasionné par les préamplificateurs qui lui étaient associés. Avec l’arrivée de l’ARPC70 cette frustration n’est plus qu’un mauvais souvenir, l’ART 70-s pour le millésime 98 peut enfin s’exprimer totalement.

UNE CONTRE-RÉACTION EN COURANT

L’amplificateur ART 70 était déjà très abouti lors de sa sortie en 1994. Cet appareil n’a subi, par conséquence, aucune modification technique fondamentale concernant ses principes de fonctionnement. Sa présentation est inchangée, toujours aussi sérieuse et rassurante avec son châssis tout métal, sa façade dorée en aluminium brossé de 1 cm d’épaisseur. On retrouve avec plaisir la constitution ‘double mono’ avec les étages de sortieà huit transistors distillant une puissance très confortable de 66 W par canal. Les calories sont évacuées par le châssis de l’appareil muni de larges et généreux refroidisseurs à ailettes. Au niveau des étages de puissance, la contre-réaction s’effectue en courant et non en tension comme sur la majorité des montages. Les avantages qui en découlent sont extrêmement important pour la qualité d’écoute. Dans les années 80, on reprochait à certaines électroniques (souvent japonaise) une esthétique sonore acide, parfois même agressive. Cette particularité était due en grande partie à une utilisation outrancière de taux de contre-réaction (en tension) extrêmement élevés. Ces taux de contre-réaction assuraient une bonne stabilité des amplificateurs sur charge complexes (enceintes fortement’capacitives’) tout en les dotant de taux de distorsions harmoniques redoutablement bas (souvent plus de deux zéros après la virgule…). Les résultats aux mesures étaient excellents mais la musicalité des produits chutaient vertigineusement. Les exigences ont heureusement évolué, les critères d’appréciation subjectifs sont de nouveau à l’ordre du jour. La solution élégante, efficace retenue par Artec ne fait intervenir aucun compromis entre les performances chiffrées et la musicalité. La contre-réaction en courant offre la possibilité d’appliquer des taux suffisamment élevé pour garantir une parfaite stabilité sur charge complexe, sans altérer les qualités subjectives de l’amplificateur. La phase du signal est parfaitement respectée, la bande passante très étendue. Les étages de sorties s’expriment librement sans subir de retour de signal ou ‘feed back’ en provenance des haut-parleurs.

UNE ALIMENTATION SÉRIEUSE

La section alimentation de l’ART 70 est impressionnante. Elle est bâtie autour d’un superbe transformateur torique de 800VA (14 cm de diamètre pour une hauteur de 8 cm !). Les tensions alternatives sont redressées par deux ponts de diodes (un par canal) avant d’attaquer le circuit imprimé principal de l’amplificateur. Le filtrage de chaque alimentation (gauche et droite) est assuré, en premier lieu, par une double self moulée de dimensions imposantes dont la valeur d’inductance a été portée à 2 x 60 mH sur l’ART 70-s (au lieu de 2 x 40 mH sur la précédente version). Ce filtrage en ‘L’ est complété par deux condensateurs de 47 000 mF (soit un total de près de 200 000 mF pour l’appareil). Les étages d’entrées polarisés eux aussi en classe A bénéficient, pour leur part, d’une alimentation spécifique, distincte, filtrée par une batterie de capacités totalisant près de 40 000 mF (8 x 4700 mF). Ces valeurs impressionnantes en disent long sur les possibilités en courant de cette alimentation dont les capacités en courant sont très importantes. Sur le circuit principal, on note la présence de diodes électroluminescentes, plus onéreuses mais beaucoup plus silencieuses, électroniquement parlant; que leurs homologues non lumineuses.

UN CIRCUIT DE ‘VEILLE’ POUR UNE PLUS GRANDE DISPONIBILITÉ

La principale évolution de l’ART 70 pour le millésime 98 consiste en la mise en oeuvre d’un circuit de veille élaboré. La position ‘stand by’ de l’interrupteur principal interrompt uniquement le débit au niveau des étages de puissance. Les autres sections de l’amplificateur (étages d’entrées) restent opérationnelles.